Yves Martel, président d’honneur et animateur inlassable de notre association nous a quittés le lundi 29 mars, au surlendemain d’un printemps des Poètes auquel il avait participé avec sa bonne humeur et sa gentillesse habituelles. Vous trouverez ci-dessous le texte de l’hommage qui lui a été rendu au cours de ses obsèques, le mercredi 31 mars.
« Mon désir dans la vie, c’est de pouvoir dire que ce monde était un tout petit peu meilleur quand j’en suis parti qu’il ne l’était quand j’y suis arrivé. » Je ne sais plus qui a écrit ces quelques paroles,, mais je crois que tu aurais volontiers souscrit à cette affirmation.
Après le temps de la vie, voici venu le temps des souvenirs, et je me souviens...
Je me souviens de ta générosité et de tous ces petits gestes simples de la vie de tous les jours par lesquels tu donnais de toi ou de ton temps.
Je me souviens de ta disponibilité : je ne t’ai jamais entendu dire : « Non, je ne peux pas, je n’ai pas le temps, j’ai autre chose à faire ». Un coup de téléphone, une visite impromptue, et tu partais sans te soucier de quand tu allais revenir.
Je me souviens de ton regard pétillant de malice quand tu te préparais à nous en sortir une bien bonne, une bien grasse, une bien gauloise, qui faisait dire aux bien pensants : « Il y va un peu fort, quand même ! » Tu n’aimais pas les bien pensants...
Je me souviens de tes coups de colère qui faisaient trembler les vitres et puis aussi un peu ceux qui ne te connaissaient pas. Nous, on savait...
Je me souviens de ta passion pour les vieilles bagnoles.
Je me souviens de ton imagination féconde et de ces phrases qui commençaient par « Et si on faisait... » et nous entrainaient toujours dans des aventures étonnantes.
Je me souviens des apéros sous la tonnelle, à faire et à refaire le monde.
Je me souviens de ta détestation de la petitesse, de la mesquinerie, sous toutes ses formes. C’était sans doute tes seules haines.
Je me souviens de l’histoire de celui qui voulait que sa vieille mère puisse voir ses petits enfants manger dans de la vaisselle d’or.
Je me souviens de ton engagement syndical, au service des plus humbles.
Je me souviens de ton engagement politique, non pas dans une politique de partis – tu n’avais jamais voulu être encarté où que ce soit – mais dans la politique comme l’entendaient les grecs anciens : l’ implication dans la vie de la cité.
Je me souviens de ton amour pour la culture, toi qui n’étais pas beaucoup allé à l’école, de ton amour pour les mots, qu’ils soient petits ou gros.
Je me souviens du facteur de Cauviac.
Je me souviens de la confiance que tu mettais en chacun de nous.
Je me souviens des périodes difficiles de ta vie, quand c’est toi qui donnais du courage aux autres.
Je me souviens de ton attention aux petits détails.
Je me souviens de la préparation des élections : il ne s’agissait plus de refaire le monde, mais plus simplement le village, et c’était beaucoup plus compliqué !
Je me souviens de la chaleur de ton amitié.
Je me souviens que liberté, égalité, fraternité n’étaient pas pour toi que des mots gravés au fronton de la république.
Je me souviens de ton rire tonitruant.
Je me souviens de tes tristesses quand tu pensais avoir été trahi.
Je me souviens de ton impatience à faire bouger les choses, à faire changer les gens.
Je me souviens de la Pomponnette et des Dupont-Dupond.
Je me souviens de tes combats pour la justice.
Je me souviens de ta fatigue au soir d’un raid ou d’un spectacle, une fatigue que tu n’avouais jamais, et qui ne t’empêchait pas d’être là le lendemain, le premier.
Je me souviens surtout de ton envie de donner du bonheur autour de toi (et tu n’y réussissais pas trop mal !)
Je me souviens, nous nous souvenons, et tant que l’un d’entre nous aura ces souvenirs au cœur, tu seras encore un peu parmi nous.
Allez, salut l’artiste !
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