« Marie-Louise, une histoire des moulinages » est un documentaire-fiction de 52 minutes sur l’histoire des moulinages de l’Ardèche, bien peu différents de ceux que l’on pouvait trouver dans le nord du Gard. Son originalité réside dans l’association du documentaire et de la fiction, mais aussi et surtout dans l’implication – tout au long du projet - d’habitants (anciennes moulinières, jeunes (enfants et collégiennes), bénévoles associatifs, habitants…) et de partenaires du territoire.
Ce projet constitue à ce titre autant un objet (un film professionnel) qu’une démarche de valorisation d’un patrimoine emblématique du territoire mobilisant les forces vives locales. Il a enfin permis à une jeune société de productions de films de se lancer au travers d’un projet de film correspondant à ses convictions, ses motivations et ses ambitions.
Inspirée du roman d’Yves Paganelli, « Marie-‐Louise », cette fiction documentaire déroule le fil de l’histoire des moulinages en Ardèche, au travers de témoignages authentiques, insolites et poignants, empreints de nostalgie et d’humanisme, avec en toile de fond l’histoire d’amour à la fois forte et fragile d’une moulinière paysanne avec un jeune mécanicien idéaliste venu de la ville, au début du siècle dernier. Entre le dortoir des filles, la salle des machines et les appartements du patron, le film nous fait revisiter les lieux du moulinage, explorant la mémoire ouvrière et patronale des acteurs et témoins de cette aventure industrielle qui a fait autrefois la renommée et la splendeur de l’Ardèche au temps du fil de soie. Le fil de soie, celui qui ne doit pas casser et que l’on doit surveiller comme « le lait sur le feu », celui que les patrons achètent aux filatures pour le vendre, une fois ouvré, aux soyeux lyonnais, celui dont les femmes du monde vont se vêtir pour séduire un homme qu’elles vont aimer…
C’est ce fil là que nous raconte le film entre séquences imaginaires, souvenirs, anecdotes et confidences. Le bruit des machines qui ne s’arrêtent jamais, les bobines qui tournent sur elles-‐mêmes « à vous en faire tourner la tête », l’entraide et la solidarité entre les jeunes moulinières, la condition sociale des familles paysannes et des ouvriers de l’époque, l’histoire de la dynastie des patrons mouliniers… c’est aussi de tout cela dont témoigne cette fiction documentaire. Regards et paroles d’aujourd’hui sur une réalité d’hier, la réalisatrice a voulu signer ici un hommage à ces petites mains qui ont autrefois guidé le fil ardéchois vers de grands destins, à ce prestigieux fil de soie qui s’est coupé brutalement lors de l’arrêt des machines et du déclin des moulinages, à son Ardèche natale qui porte dans ses paysages et en sa mémoire de nombreuses traces de cet héritage industriel, entre la grande Histoire des moulinages et l’histoire d’une moulinière ardéchoise, « Marie-‐Louise ».
SFD07 Productions et l’Etoile Maruéjoise proposent la projection du film « Marie-Louise, une histoire des moulinages » fiction-documentaire inspirée du roman « Marie-Louise », d’Yves Paganelli, en présence de sa réalisatrice, Fabienne Prat. Nous vous inviterons à prolonger le film par le pot de l’amitié.
Participation aux frais : 5 euros.
Pour en savoir plus : http://marie-louiseunehistoire.blogspot.com/
Ils ont dit.....
Et le verbe s’est fait chair… D’une moisson de mots et de notes de musique d’Yves Paganelli, une réalisatrice, Fabienne Prat pétrit une histoire du moulinage et se joue subtilement de la réalité, même si elle l’indispose. Un film qui joue cartes sur tables, avec deux versants ; l’un peuplé de faits, de témoignages, d’apports historiques avec des positions conciliantes et humaines, l’autre offert à la fée du logis, à l’imaginaire, en rupture radicale avec l’autre pente. L’art n’est-il pas basculement, déséquilibre ? Dans la fiction, une ouvrière, Marie-Louise est placée en usine pour ramener quatre sous à sa famille. Jean, un mécanicien, porté par le souffle de Jean Jaurès et nourri de l’affection de son patron, anarchiste avec des visées socialistes. Une idylle naît ; elle ne tarde pas à déranger d’autant que les deux tourtereaux n’hésitent pas à braver les interdictions. Le patron courroucé reçoit l’aide du préfet pour débarrasser l’endroit du gêneur. Il est envoyé sur le front. Il y mourra. Marie-Louise, enceinte, ne lui survivra pas. Elle repose désormais sous un tilleul. Une vie et le fil qui se rompt. Une Antigone humble, qui, à la différence de celle de Sophocle, a voulu vivre pour les vivants. La chair de poule, au final. Gilbert Auzias